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Critique de « The Teachers’ Lounge » : le plus grand risque de ce thriller sensationnel pourrait être sa prémisse

Pierre

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Critique de « The Teachers' Lounge » : le plus grand risque de ce thriller sensationnel pourrait être sa prémisse

Trop réel aurait pu entraîner sa chute.

Meurtres, chaos, braquages ​​​​à enjeux élevés et intrigues sexuelles : tels sont les éléments électrisants qui entrent souvent en jeu dans un thriller de premier ordre. Le salon des professeurs ne présente rien de tout cela, et pourtant, il pourrait bien s’agir du thriller le plus déchirant de l’année.

Le principe du film est un enjeu audacieusement faible : déterminer qui est à l’origine d’une série de petits vols – de l’argent liquide et des crayons – dans un lycée allemand. Un crime aussi banal ne devrait pas être intéressant, encore moins passionnant. Cependant, le co-scénariste/réalisateur Ilker Çatak déroule magistralement un récit sadique et tendu qui touche à l’éthique, au racisme, à la loyauté et au côté sombre du respect de ses principes. Le résultat est un thriller maigre et lent qui est impitoyablement captivant.

Quel est le buzz autour du salon des professeurs ?

Avant même l’annonce d’une sortie aux États-Unis, ce drame allemand affichait une note de 100 % Rotten Tomatoes dès ses débuts au Festival international du film de Berlin. Le film a déjà été sélectionné comme candidature allemande pour le meilleur long métrage international lors de la prochaine 96e cérémonie des Oscars. Ainsi, à l’approche de sa première nord-américaine au Festival international du film de Toronto, The Teachers’ Lounge surfe sur une vague de bon bouche à oreille et d’un solide prestige. Ne vous laissez pas tromper en pensant qu’il s’agit d’un thriller d’art et d’essai prétentieux. Çatak a créé un film qui opère sa magie anxiogène parce qu’il semble tellement réel.

De quoi parle le salon des professeurs ?

Leonie Benesch incarne Carla (alias Mme Nowak), une enseignante fraîchement sortie de l’université qui se consacre à faire de son mieux pour ses étudiants. En classe, cela signifie faire preuve de patience et réprimer le harcèlement. Mais en dehors des cours, elle est obligée à maintes reprises de défendre ses élèves alors que de petits larcins transforment d’autres enseignants en détectives amateurs, désireux d’interroger, de profiler racialement, de fouiller et d’intimider les enfants. Lorsque Carla installe un piège de caméra cachée, elle espère mettre un terme rapide et silencieux à tout ce drame, y compris aux abus de pouvoir qui y sont liés. Au lieu de cela, elle se retrouve entraînée dans un bourbier d’accusations, de soupçons et de trahisons qui s’étendent à l’ensemble du corps enseignant, des étudiants et au-delà.

Le Teacher’s Lounge fait monter la tension, grâce à Léonie Benesch et à une partition à couper le souffle.

Çatak et son co-scénariste Johannes Duncker proposent un récit d’une simplicité trompeuse. Il n’y a pas de rebondissement fracassant ici. Au lieu de cela, c’est une cascade de calamités mineures. Une explosion déclenche un débat. Une rumeur sème la panique. Une préoccupation égoïste engendre une paranoïa tentaculaire. Alors que l’institution qui l’entoure tremble d’émotion et que les adultes font la guerre aux enfants pour le contrôle du récit – ce qui est une bataille perdue d’avance – Carla se bat pour la vérité, la justice et l’étudiant qui a été injustement entraîné au milieu.

Benesch assume remarquablement le film. Carla est une héroïne noble mais introvertie. Très consciente que tous les regards sont tournés vers elle, elle est précise dans ses propos choisis. Mais les yeux de Benesch, pleins de fureur et de douleur, expriment la rage qu’elle porte en elle. Son physique, passant de doux dans sa classe à vif en cas de conflit, témoigne de la pression exercée sur chacun de ses mouvements. Sa voix passe de composée à coupée lorsqu’elle est prise au dépourvu par les étudiants, qui jouent à l’appât et à l’échange avec une interview dans un journal scolaire devenue un exposé inégal. Benesch imprègne sa performance physique de crises d’anxiété et d’inquiétude qui torturent son héroïne.

Là où Carla ravale son anxiété et sa frustration pour garder son sang-froid avant son cours, la partition de Marvin Miller chante la montée de la tension. Les violons pincent et hurlent, donnant de la profondeur au drame dans ces couloirs d’école crasseux. Les cris stridents des cordes sont déconcertants, refusant au spectateur un espace pour réfléchir froidement au fiasco qui se déroule rapidement. Comme Carla, nous pourrions nous sentir dépassés – d’autant plus que Çatak rompt avec l’authenticité pour une touche surréaliste.

Dans un film peint dans des couleurs sourdes et avec une conception de production volontairement banale, un chemisier blanc brillant avec de grandes étoiles jaunes enfantines se démarque. Un indice, une condamnation, puis — alors que Carla commence à douter d’elle-même — ce chemisier se transforme en centre d’une vision qui heurte la réalité avec la peur, la vérité avec la confusion. C’est un petit épanouissement dans un film rigoureusement réel, mais crucial qui reflète la façon dont Carla est déchirée par la pression non seulement d’être la défenseure de ses élèves, mais aussi d’être à la hauteur de ses normes élevées pour elle-même.

Bien que les enjeux semblent faibles, The Teachers’ Lounge révèle de manière experte à quel point les conséquences peuvent être graves en cas de transgression mineure (ou de transgression d’un mineur). Le film invite le public à s’interroger sur la signification politique plus large de la lutte de cette enseignante – non seulement pour comprendre son sort, mais aussi celui des étudiants qui s’opposent le plus voracement à elle. Déployant colère et empathie dans un troisième acte qui frappe comme un coup à la tête, The Teachers’ Lounge est particulièrement passionnant, sophistiquéement envoûtant et finalement obsédant.

Une histoire de bonnes intentions et de sentiments blessés, avec chaque scène ancrée mais grogneuse. The Teachers’ Lounge rappelle l’horreur qu’un jour donné, ce cauchemar en spirale pourrait être le vôtre.

Le salon des professeurs a été examiné lors de sa première nord-américaine au Festival international du film de Toronto 2023.

Pierre, plus connu sous son pseudonyme "Pierrot le Fou", est un rédacteur emblématique du site Indigo Buzz. Originaire d'une petite ville du sud-ouest du Gers, cet aventurier des temps modernes est né sous le signe de l'ombre en 1986 au sommet d'une tour esotérique. Élevé dans une famille de magiciens-discount, il a développé un goût prononcé pour l'excentricité et la magie des mots dès son plus jeune âge. Pierre a commencé sa carrière de rédacteur dans un fanzine local dédié aux films d'horreur des années 80, tout en poursuivant des études de communication à l'Université de Toulouse. Passionné par l'univers du web, il a rapidement pris conscience de l'impact du numérique et des réseaux sociaux sur notre société. C'est alors qu'il a décidé de troquer sa collection de cassettes VHS contre un ordinateur flambant neuf... enfin presque.

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