En quoi « Dune : Partie 2 » est-il différent du livre ?

Plus de Chani, moins d’Alia et plusieurs autres changements vous attendent.

Avec la sortie de Dune : Deuxième partie, Denis Villeneuve a officiellement (et avec succès !) traduit à l’écran l’intégralité de Dune de Frank Herbert.

Tout comme avec Dune de 2021, Dune : Part Two apporte des changements majeurs par rapport à son matériel source. Certains d’entre eux sont issus du premier film. Par exemple, comme nous n’avons vu aucun scénario dans lequel le duc Leto (Oscar Isaac) prétend penser que Lady Jessica (Rebecca Ferguson) est une traîtresse dans Dune, nous n’obtenons aucune des retombées de cette intrigue dans le livre. dans Dune : Deuxième partie. C’est un moyen solide de rationaliser une histoire avec une ampleur déjà massive, une tactique que Villeneuve et son co-scénariste Jon Spaihts continuent d’utiliser tout au long de Dune : Deuxième partie.

Cependant, bon nombre des autres changements apportés par Villeneuve et Spaihts dans Dune : Deuxième partie aident à mieux faire ressortir les thèmes au cœur du travail d’Herbert – comme le fait que Paul Atréides (Timothée Chalamet) est loin d’être un héros – au lieu de leur enlever tout sens. Des personnages coupés au rôle élargi de Chani (Zendaya), voici les principales différences entre Dune : 2e partie et le roman d’Herbert.

Des personnages comme le comte Fenring ont le vent en poupe.

Villeneuve a laissé certains personnages majeurs hors de Dune, notamment Feyd-Rautha Harkonnen, l’empereur Shaddam Corrino IV et la princesse Irulan. Il s’avère qu’il les gardait juste pour Dune : partie deux, où ils sont interprétés par Austin Butler, Christopher Walken et Florence Pugh.

Cependant, certains personnages n’ont toujours pas été retenus pour la deuxième partie. Le comte Hasimir Fenring, un ami proche de l’empereur, a complètement disparu, bien que son épouse Bene Gesserit, Margot (Léa Seydoux), apparaisse sur la planète natale Harkonnen de Giedi Prime. Nous perdons également des personnages Fremen comme Harah, qui devient la femme de Paul après avoir tué son mari Jamis (Babs Olusanmokun). Dune : Part Two supprime également un personnage de son prédécesseur. Dans le roman, Mentat Thufir Hawat (Stephen McKinley Henderson) sert à l’origine les Harkonnens après leur attaque contre les Atréides. Ici, il a complètement disparu, probablement mort entre les mains des Harkonnen. Encore une fois, ce sont tous des choix rationalisants – ceux qui libèrent de l’espace pour que le film approfondisse le voyage de Paul pour devenir la figure messianique connue sous le nom de Muad’Dib.

Comment résoudre un problème comme Alia ?

La partie la plus étrange de Dune, ce ne sont pas les drogues spatiales psychotropes ni les vers de sable géants. Au lieu de cela, il s’agit de la fille de Jessica et Leto, Alia Atreides. Après avoir été exposée à l’eau de vie dans l’utérus, Alia naît pleinement consciente et avec toutes les capacités d’un Bene Gesserit adulte comme Jessica, ce qui en fait un enfant intelligent et effrayant.

Bien sûr, c’est un énorme défi d’essayer d’amener un enfant qui est aussi un superbe enfant à un film d’action réelle. Dune : 2e partie triche un peu en ne faisant jamais naître Alia. Le film choisit de garder Alia comme un fœtus en pleine croissance qui communique par télépathie avec Jessica. Les seules autres miettes d’Alia que nous recevons arrivent après que Paul ait bu l’Eau de Vie. Il voit Alia adulte – et jouée par Anya Taylor-Joy !

D’une part, je comprends pourquoi Dune : Part Two ne voudrait pas nous présenter Alia étant enfant. C’est un tout nouveau personnage à nous proposer au milieu d’un film déjà bien rempli, et étant donné sa nature troublante, il y a une barre haute à franchir pour bien faire les choses. Mais en tant que personne qui aime l’étrangeté d’Alia – y compris la performance d’Alicia Witt dans Dune de David Lynch – je suis déçu que Dune : la deuxième partie ait choisi de jouer plus prudemment sur ce scénario particulier. Comment ça, nous n’avons pas l’occasion de voir un baron Harkonnen (Stellan Skarsgård) assassiner un enfant de 2 ans ? Je suppose que regarder Paul le poignarder devra se contenter.

Alia n’est pas née accélère également la chronologie de Dune : Part Two. Compte tenu de la grossesse de Jessica, les événements du film doivent se dérouler sur moins de neuf mois. Cela signifie que Paul construit un public massif sur une période de mois au lieu des années que cela prend dans le livre. (Lui et Chani ont également un fils au cours d’un saut dans le temps de deux ans.) Il passe également ces années à se battre à travers des visions du jihad à venir avant d’accepter finalement qu’il est incapable de l’arrêter. Une chronologie plus longue ne s’est peut-être pas traduite au cinéma, mais elle ajoute à la tragédie que Paul lutte contre l’inévitable pendant bien plus longtemps avant de céder.

Dune : la deuxième partie intensifie le conflit religieux à Arrakis.

Alors qu’une grande partie des changements d’adaptation dans Dune impliquaient une réduction du travail d’Herbert, Villeneuve et Spaihts apportent en fait leurs propres ajouts dans Dune : Deuxième partie. Ils introduisent le concept complètement nouveau d’une division idéologique entre les Fremen du nord et du sud d’Arrakis. Les fondamentalistes du Sud croient fervents à la prophétie de Lisan al-Gaib, et ils sont plus prompts à suivre Paul. Parmi eux se trouve Stilgar (Javier Bardem), qui vit désormais dans le Nord mais qui porte avec lui sa foi profonde. Cependant, de nombreux habitants du Nord qu’il dirige, y compris Chani, sont plus sceptiques quant à la légende. Ils préfèrent croire que les Fremen se libéreront de la tyrannie des colonisateurs étrangers.

Face à cette fracture, Villeneuve et Spaihts exposent intelligemment et explicitement les critiques d’Herbert sur la montée fulgurante des dirigeants charismatiques. Une grande partie de ces critiques viennent de Chani elle-même, qui a beaucoup plus à faire dans Dune : Deuxième partie que dans Dune. Elle n’a pas peur de repousser Paul, contrairement au livre, où elle et les Fremen sont de rapides adeptes. Ici, elle rappelle à son peuple que la prophétie Lisan al-Gaib, cultivée par le Bene Gesserit pendant des siècles, n’est qu’une autre façon d’asservir les Fremen. Comme elle le dit à Paul : « Dites aux gens qu’un messie viendra les contrôler. »

La méfiance compréhensible de Chani à l’égard de la prophétie de Lisan al-Gaib la place également en conflit direct avec Jessica, même si les deux partagent une relation plus solidaire dans le livre. Ce conflit vient du fait que Jessica attise activement les flammes de la légende de Paul tout au long de Dune : Deuxième partie. La version de Jessica dans le roman craint la ferveur croissante entourant son fils, même si elle jouera dans la prophétie si cela signifie qu’elle et Paul survivront. La version cinématographique de Jessica s’appuie également sur la prophétie de protection, mais après sa transformation en Révérende Mère, elle l’exploite pour obtenir du pouvoir et de l’influence sur Paul, en espérant que cela l’aidera à jouer le rôle de Kwisatz Haderach. Jusqu’à ce que Paul revendique pleinement le titre de Lisan al-Gaib, Jessica est la manifestation la plus claire de Dune : Deuxième partie de la façon dont les gens manipuleront la foi afin d’obtenir ce qu’ils veulent.

Chani chevauche (un ver) au coucher du soleil.

En modifiant le rôle de Chani par rapport au roman et en la rendant plus critique à l’égard de Paul, Villeneuve et Spaihts s’éloignent de la version d’Herbert de Chani, fidèle jusqu’à un défaut. Ce changement nécessite une fin complètement différente pour Chani de Zendaya. Après tous ses combats pour son peuple contre les oppresseurs, il est impossible que cette version du personnage se contente d’être la concubine de Paul alors qu’il épouse la princesse Irulan et prend le contrôle de l’Imperium. (En d’autres termes, pour les fans du livre, l’histoire ne la qualifiera pas d’épouse.)

Au lieu de cela, Dune : Deuxième partie se termine avec Chani quittant Paul alors qu’il fait la guerre aux Grandes Maisons. Et qui peut lui en vouloir ? L’homme qu’elle aime a pris le contrôle total de son peuple. Pire encore, Chani a joué un rôle en l’aidant à y parvenir. Son nom secret Fremen, Sihaya, se traduit par « source du désert », un nom qu’elle déteste à cause d’une « prophétie stupide ». Cette prophétie s’avère être celle du Lisan al-Gaib, qui prétend que les larmes du printemps du désert ressusciteront le prophète légendaire. Lorsque Paul manque de mourir après avoir bu l’Eau de Vie, Jessica utilise la Voix pour obliger Chani à verser ses larmes à Paul, la forçant à adhérer à la prophétie qui a toujours plané au-dessus de sa tête. Villeneuve et Spaihts ont modifié cette section du livre original. Là, Chani (également nommée Sihaya) fait revivre Paul, mais cela est totalement volontaire, ne nécessite pas ses larmes et n’est lié à aucune sorte de prophétie. Son rôle forcé dans la prophétie de Dune : deuxième partie entraîne une perte écrasante d’agence et plante les graines de son éventuel départ.

Ce départ nous amène dans un territoire inexploré de Dune. Villeneuve a parlé de vouloir adapter Dune Messiah, le prochain livre de la série Dune, et un élément important de cette histoire est la relation de Chani avec Paul. Ses derniers instants dans Dune : Deuxième partie soulèvent de grandes questions pour cette adaptation à venir. Dirigera-t-elle une résistance Fremen contre Paul ? Ou est-ce qu’elle et Paul se retrouveront d’une manière ou d’une autre ? Paul prétend qu’il a vu Chani comprendre ses décisions à l’avenir, mais cela signifie-t-il qu’elle le rejoindra ? Et si oui, que fera Villeneuve pour concilier ce choix avec la version de Chani que l’on voit dans Dune : Deuxième partie ? Fondamentalement, le départ de Chani a ouvert une toute nouvelle boîte de vers des sables se dirigeant vers un potentiel Messie des dunes. Mais étant donné à quel point Chani devient plus compliquée dans ce film et à quel point son défi ajoute aux thèmes et à la romance vouée à l’échec de Dune : Partie 2, je suis intrigué avec optimisme de voir ce qui va suivre pour elle.

« Envoyez-les au paradis. »

En parlant des derniers instants de Dune : Deuxième partie, plongeons-nous dans le choix final du film par Paul. Après avoir vaincu Feyd-Rautha en duel, Paul prend le trône de l’Imperium. Cependant, les Grandes Maisons en orbite au-dessus d’Arrakis refusent de légitimer son ascendant. Les instructions de Paul aux Fremen après avoir entendu cela ? « Envoyez-les au paradis. » Et c’est ainsi que la guerre sainte qu’il n’a jamais voulue commence sérieusement, par son décret.

Le défi des Grandes Maisons envers Paul et sa déclaration de guerre ultérieure sont nouveaux. Dans le roman, le jihad commence hors page, dans le saut temporel entre Dune et Dune Messiah. Mais regarder la guerre démarrer dans Dune : Deuxième partie s’avère être une fin effrayante, et une tragédie en plus. En adoptant les Fremen comme outils de guerre, Paul s’est transformé en un chef cruel qui est peut-être plus Harkonnen qu’Atréides – et n’est certainement pas un héros.

Cette transformation est conforme à Herbert’s Dune, qui a toujours été un récit édifiant, jamais une histoire de héros. Le sentiment de prudence est présent dans son roman original, mais il le martèle vraiment dans Dune Messiah, mettant fin à toute idée fausse sur Paul en tant que héros. Avec Dune : Part Two, Villeneuve pose déjà les bases de Dune Messiah et aborde plus tôt plusieurs de ses thèmes principaux. Le résultat est sombre, sanglant et résume parfaitement le message d’Herbert. (Mais oui, Alia me manque toujours.)

Dune : Deuxième partie est maintenant en salles.