La révolution des sex robots : les nouvelles frontières de la sexualité
La pandémie de Covid-19 a redéfini de nombreux aspects de notre vie quotidienne, y compris nos relations intimes. Pour lutter contre la solitude ou relancer une vie sexuelle mise à mal par l’isolement social, les innovations technologiques comme les sex robots connaissent une croissance sans précédent. Mais ce phénomène pose toutefois des questions sociales et morales importantes.
Les tendances sexuelles en 2024 : des robots aux chatbots érotiques
Selon une étude réalisée en 2023 par un spécialiste des accessoires de plaisir sexuel, plus de 40 % des Suisses seraient prêts à avoir des relations sexuelles avec un robot sexuel. Cette tendance s’inscrit dans un contexte où les ventes mondiales de sex robots atteignent les 56 000 unités par an, pour un marché estimé à plus de 200 millions de dollars. L’émergence des chatbots érotiques et la popularité croissante des jouets sexuels témoignent également de cette évolution de la sexualité post-Covid. Les innovations comme le gode vibrant sont devenues courantes, offrant une multitude de possibilités pour enrichir sa vie intime.
Le secteur de la sextech est en plein essor, proposant des robots humanoïdes toujours plus réalistes. Leur utilisation peut aider à combler la solitude, surmonter des dysfonctionnements sexuels ou simplement pimenter une vie intime routinière. Toutefois, l’utilisation de ces technologies soulève des questions éthiques et morales, notamment en ce qui concerne leur impact sur les relations humaines et le comportement social.
L’éthique et les implications sociales des sex robots
Introduits pour la première fois en 2017 avec des modèles tels que Harmony et sa version masculine Henry, les sex robots sont désormais dotés d’intelligence artificielle capable de simuler une relation intime. Henri Faineteau, professeur de psychologie de la sexualité à l’Université de Genève, explique que ces robots permettent d’explorer un éventail infini de fantasmes et peuvent même être utilisés pour faire face à l’anxiété ou aux dysfonctions sexuelles. Mais ces avantages viennent avec leur lot de controverses.
Des études, principalement menées en Grande-Bretagne, révèlent que plus de 50 % des hommes seraient enclins à avoir des rapports avec un robot, contre seulement 20 % des femmes. Après les mouvements #metoo, certains hommes voient dans ces pratiques une forme de refuge et de réaffirmation de leur pouvoir, au point de susciter des inquiétudes quant à un déséquilibre persistant dans les dynamiques de genre. En Suisse, cette pratique reste encore marginale, mais pourrait se développer surtout parmi la communauté masculine hétérosexuelle.
Communication humaine vs interactions artificielles
Dans un monde hyperconnecté où les relations en face-à-face deviennent rares, la dépendance vis-à-vis des interfaces numériques augmente. Le succès des sex robots illustre cette tendance inquiétante de l’isolement social exacerbée par les technologies. Henri Faineteau souligne que loin de résoudre nos problèmes sociétaux, ces outils pourraient accélérer la tendance à la solitude et diminuer les compétences interpersonnelles essentielles.
Alors que le prix des sex robots diminue et que la sexualité devient moins taboue, leur popularisation semble inévitable. Mais cela pose des défis significatifs en matière de régulation et de normes sociales. Il est important de comprendre que si ces technologies offrent des solutions temporaires à certaines difficultés personnelles, elles ne remplacent pas l’importance des interactions humaines authentiques et profondes.