Rejoignez-nous
Divers

« La plus petite référence à Poe sur la Chute de la maison Usher est sacrément bien cachée »

Pierre

Date de publication :

le

"La plus petite référence à Poe sur la Chute de la maison Usher est sacrément bien cachée"

« Merde, Toby ! Toby, bon sang ! »

La Chute de la maison Usher de Mike Flanagan contient tellement de références à l’auteur de l’histoire, Edgar Allan Poe, qu’il serait difficile de manquer les plus manifestes. Mais il y a des références si petites, si cachées, qu’on ne peut s’empêcher de lever un verre d’Amontillado pour voir à quel point elles sont bien enterrées.

Il y a une référence que vous trouverez cachée dans le dialogue, et elle concerne Toby (Igby Rigney), l’assistant de longue date du magnat des relations publiques moralement nihiliste Camille L’Espanaye (Kate Siegel).

« Merde, Toby ! Toby, bon sang ! » Camille méprise son assistante dans l’épisode 2. La réplique est répétée plusieurs fois au cours de la série par le monarque du spin de la famille Usher, perpétuellement et vocalement peu impressionné par le précoce Toby, qui a du mal à mener à bien ses demandes impossibles.

Camille n’est pas gênée ni simplement peu inventive lorsqu’il s’agit de fustiger son (très) collaborateur personnel. Le nom complet de Toby dans la série est en fait Toby Dammit, du nom d’un personnage de l’histoire de Poe de 1841 « Ne pariez jamais sur le diable votre tête ». Un titre aux conseils avisés, on adore.

Toby Dammit est l’ami du narrateur dans l’histoire, un homme perpétuellement ambitieux, plein de fausses bravades et amoureux des défis, qui aime faire des paris hypothétiques avec le Diable — tout le monde en connaît un. Comme le titre de l’histoire le suggère, Toby parie quelque chose d’assez précieux, et les choses ne se terminent pas bien. Il parie au Diable qu’il peut sauter un tourniquet de pont :

Il insista pour sauter le montant et dit qu’il pourrait couper une aile de pigeon dessus en l’air. Or, en toute conscience, je ne pensais pas qu’il pouvait le faire. Le meilleur pigeon-ailier dans tous les styles était mon ami M. Carlyle, et comme je savais qu’il ne pouvait pas le faire, je ne croirais pas que Toby Dammit puisse le faire. Je lui ai donc dit, en tant de termes, qu’il était un vantard et qu’il ne pouvait pas faire ce qu’il disait. Pour cela, j’ai eu des raisons de m’en plaindre par la suite ; — car il proposa aussitôt de parier sa tête au Diable s’il le pouvait.

Et lecteur, tout cela le laisse sans… Ouais, une tête. Vous l’avez vu venir.

La vérité est qu’il avait été privé de sa tête, qu’après une recherche minutieuse je n’ai pu trouver nulle part…

Mais bon sang ne meurt pas immédiatement dans l’histoire, et sa compagne fait venir… les homéopathes. Quand Toby finit par mourir (choquant), le narrateur devient tout merdique à l’idée de devoir payer lui-même les funérailles.

Les scélérats ont refusé de payer, alors j’ai immédiatement fait déterrer M. Dammit et je l’ai vendu pour de la viande de chien.

Heureusement, le personnage de Toby dans La Chute de la maison Usher garde la tête haute. Il n’est pas non plus vendu pour sa viande – peut-être doit-il son nom à sa naïveté ?

Ce n’est pas la première fois que cette nouvelle inspire un cinéaste. Fellini lui-même a réalisé un segment intitulé « Toby Dammit » pour l’anthologie à l’ancienne Spirits of the Dead, avec Terence Stamp dans le rôle d’un acteur shakespearien débauché poursuivi dans Rome par le Diable déguisé en petite fille effrayante. Il est actuellement diffusé sur The Criterion Channel.

Comment regarder : La Chute de la Maison Usher est désormais diffusée sur Netflix.

Pierre, plus connu sous son pseudonyme "Pierrot le Fou", est un rédacteur emblématique du site Indigo Buzz. Originaire d'une petite ville du sud-ouest du Gers, cet aventurier des temps modernes est né sous le signe de l'ombre en 1986 au sommet d'une tour esotérique. Élevé dans une famille de magiciens-discount, il a développé un goût prononcé pour l'excentricité et la magie des mots dès son plus jeune âge. Pierre a commencé sa carrière de rédacteur dans un fanzine local dédié aux films d'horreur des années 80, tout en poursuivant des études de communication à l'Université de Toulouse. Passionné par l'univers du web, il a rapidement pris conscience de l'impact du numérique et des réseaux sociaux sur notre société. C'est alors qu'il a décidé de troquer sa collection de cassettes VHS contre un ordinateur flambant neuf... enfin presque.

Cliquer pour commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *