Critique : Juste la fin du monde, le nouveau Dolan
Les films du jeune réalisateur québécois Xavier Dolan font partie de ceux que je vais voir non pas voir car l’histoire fait envie mais bien car j’apprécie son travail et ses œuvres. C’est donc tout naturellement que je me suis dirigé vers la salle obscure la plus proche de chez moi pour admirer, le verbe est bien trouvé, son nouveau film.
Le pitch
Le pitch est simple : « Après douze ans d’absence, un écrivain retourne dans son village natal pour annoncer à sa famille sa mort prochaine. » Louis (Gaspard Ulliel) est cet écrivain renommé de pièces de théâtre. Il va retrouver après douze ans sans les voir sa mère incarnée par Nathalie Baye, sa sœur jouée par Léa Seydoux, son frère Antoine interprété par Vincent Cassel et sa femme Catherine jouée par Marion Cotillard.
L’adaptation
Il faut savoir que ce film est l’adaptation d’une pièce de théâtre du même nom écrite par de Jean-Luc Lagarce. Tout le long du film, Dolan reprend bien cette idée de théâtre avec la succession de scènes. On peut presque voir le rideau tomber entre chaque acte et voir le décor changer. L’entrée des personnages, tout comme leurs sorties sont bien visibles. Les dialogues et les questionnements s’enchaînent à merveille pour donner une intrigue construite et comprendre les doutes et les peurs de Louis vis à vis de sa famille.
Ce film est en fait un huis-clos familial pendant lequel les personnalités de chaque membre de la famille vont s’affronter. Dolan maîtrise à la perfection les relations entre les personnages, et notamment dans ce film. Les gros plans constants sur les visages et les jeux avec la mise au point sont sublimes et font passer toute l’émotion que le réalisateur veut transmettre. Mais revenir après douze ans d’absence n’est pas si simple. Louis est quelque peu face à des inconnus et Dolan nous montre dans ce film la gêne qui peut s’installer entre des gens d’une même famille et que finalement, les personnes qui nous connaissent le mieux ne sont pas forcément ceux de notre famille.
Revenir pour annoncer sa mort n’est pas si simple et Louis a peur de le dire. Il ne sait pas comment leur annoncer. la question est de savoir quand et comment va-t-il le faire.
Le casting et le jeu
Ayant totalement confiance en Xavier Dolan, j’avais cependant un peu peur avec ce casting très relevé. Il faut dire que c’est le premier film où l’accent québécois n’est pas présent. Je voulais retrouver ces acteurs peu connus qui rendaient les films touchant. On ne les regardait pas pour les acteurs. Mais il faut dire que Dolan a bien su diriger les acteurs pendant le tournage. Le jeu est presque toujours parfait. Il faut dire aussi que la mise en scène y contribue grandement, du fait des nombreux gros plans.
La musique
La musique dans les films de Xavier Dolan sont généralement très bien choisies et s’insèrent parfaitement dans le film. Encore une fois, le choix des musiques est excellent et prolonge l’émotion transmise par le film. Les paroles collent parfaitement avec les pensées des personnages et les chansons marquent un contraste saisissant entre le drame de l’action et la joie de la musique.
Jean-Luc Lagarce
Après avoir vu le film, j’ai voulu me renseigner un peu plus sur la pièce de Jean-Luc Lagarce. J’ai donc découvert que c’était une des dernières pièces de l’auteur. De plus, il s’avère qu’elle est autobiographique puisque Lagarce est tout comme Louis, atteint du SIDA et va mourir peu de temps après l’écriture de la pièce. Intéressant !
Finalement, j’ai adoré ce film. Tout est bien construit et les émotions « sortent » de l’écran. La mise en scène et la construction théâtrale sont très surprenantes et magnifiques. Je ne peux que recommander aux néophytes du cinéma de Dolan ce film primé au dernier festival de Cannes. A voir absolument !
Si vous êtes encore sceptique, je vous laisse avec la bande annonce :