Critique de « The Time Traveler’s Wife »: Une histoire d’amour presque impossible à enraciner

En théorie, c’est logique.

Il y a d’abord eu le roman d’Audrey Niffenegger en 2003, The Time Traveler’s Wife. Ensuite, il y a eu l’adaptation cinématographique de 2009 avec Rachel McAdams et Eric Bana. Maintenant, Doctor Who et le showrunner de Sherlock Steven Moffat apportent l’histoire de Niffenegger à HBO, avec Rose Leslie et Theo James prenant les rôles principaux de Clare Abshire et Henry DeTamble.

Clare et Henry sont amoureux, mais leur relation est compliquée par le tout petit problème qu’Henry est un voyageur temporel. Il disparaîtra involontairement dans le passé, voire parfois dans le futur, où il apparaîtra complètement nu et seul. En raison de quelques manigances temporelles, Clare rencontre une version plus ancienne d’Henry à l’âge de 6 ans et, dans les années qui suivent, découvre qu’elle est sa femme dans le futur. Elle passe sa vie à attendre de le rencontrer, mais quand elle le fait, il n’est pas la version de lui-même dont elle est tombée amoureuse pendant son adolescence.

En théorie, une adaptation télévisée de The Time Traveler’s Wife a du sens. L’histoire de Niffenegger a plus de place pour respirer que dans le film, et Moffat est même capable de développer certaines scènes du livre. Cependant, la série en six épisodes a du mal à compter avec les complications épineuses de cette histoire d’amour, et sa tendance à trop se pencher sur le mélodrame est à peine atténuée par les performances engagées de Leslie et James.

The Time Traveler’s Wife est une romance qui n’a pas bien vieilli

J’aime beaucoup le roman de Niffenegger, mais même sous forme écrite, l’écart d’âge entre Clare et Henry est un obstacle difficile à franchir. Encore une fois, Clare a 6 ans lorsqu’elle rencontre Henry pour la première fois. Pendant ce temps, il a 36 ans et est déjà marié avec elle dans le futur. Il y a un énorme déséquilibre de pouvoir et une nuance inconfortable dans leurs premières rencontres, peu importe à quel point Henry essaie de garder l’avenir secret. Ce malaise est accru dans un média visuel comme la télévision, qui voit James, 37 ans, jumelé avec les acteurs qui jouent la jeune Clare (Everleigh McDonell et Caitlin Shorey).

Moffat tente de gérer le déséquilibre de pouvoir du mieux qu’il peut – Clare dit même: « Personne ne devrait rencontrer son âme sœur à l’âge de 6 ans » – mais c’est toujours gênant. Dès le début, Henry grimace lorsque l’enfant Clare mentionne qu’elle « soigne » son cheval jouet. Plus tard, il s’inquiète carrément d’avoir soigné Clare, à laquelle elle répond: « Je t’ai soignée », ce qui … n’est pas vraiment comme ça que ça marche.

Même sous forme écrite, l’écart d’âge entre Clare et Henry est un obstacle difficile à franchir.

La femme du voyageur temporel souligne que Clare et Henry sont coincés dans une situation sur laquelle ils ont très peu de contrôle, soulevant la question séculaire du destin contre le libre arbitre. Cependant, quand il semble qu’ils soient enfermés dans une relation, peu importe ce qu’ils font, il est difficile de considérer leur histoire comme une romance.

Même lorsque Clare et Henry se rencontrent dans le « présent » (ne pensez pas trop au voyage dans le temps à moins que vous ne vouliez avoir mal à la tête), leur relation est difficile à acheter. Pas à cause de l’âge, mais parce qu’ils se battent presque constamment. Moffat met Clare et Henry à la gorge l’un de l’autre dès le début, bien plus que Niffenegger ne le fait dans le livre. Clare appelle constamment Henry un abruti – avec raison; Henry, 28 ans, est définitivement un imbécile – au point que vous vous demandez si vous devriez même encourager ces deux-là à rester ensemble. La seule raison pour laquelle vous voudrez qu’ils s’entraînent, c’est à cause de Leslie et James.

Rose Leslie et Theo James sont la grâce salvatrice de The Time Traveler’s Wife

La femme du voyageur temporel repose sur les performances de Leslie et James, et heureusement, ils livrent. Ils ont une chimie solide et parviennent à rendre humain le dialogue trop rempli de plaisanterie de Moffat.

Leslie apporte un sentiment d’énergie et de verve bien nécessaire au personnage de Clare, qui risque autrement de tomber dans l’archétype de l’épouse solidaire qui aspire à ce que son mari rentre à la maison. Autant que la femme du voyageur temporel a tendance à enfermer Clare et à la définir complètement par sa relation, Leslie se libère et s’efforce de donner à Clare une identité au-delà d’Henry. Malheureusement, nous la voyons rarement assez seule pour vraiment en faire l’expérience.

Le spectacle peut s’appeler The Time Traveler’s Wife, mais il finit par passer plus de temps avec le voyageur temporel alors qu’il ricoche entre le passé et le présent. James joue vaillamment Henry à divers moments de sa vie, bien que certains choix grossiers de perruque et de maquillage menacent toute crédibilité quant à son âge. Il capture le charme d’Henry et ses côtés les plus rugueux. Arriver bloqué à une époque qui n’est pas la sienne signifie qu’il est devenu doué pour voler et se battre, nous pouvons donc sentir sa lassitude à chaque fois qu’il voyage dans le temps et doit faire face à ses dangers. Cependant, après un certain temps, cette lassitude se traduit par l’expérience de visionnage et The Time Traveler’s Wife se déplace en territoire slog.

La femme du voyageur temporel souffre de choix de narration bizarres

Tout au long de ses six épisodes, The Time Traveler’s Wife fait des choix vraiment déroutants. Il existe un dispositif de cadrage qui implique qu’Henry et Clare parlent directement à la caméra, comme s’ils étaient enregistrés, mais nous ne savons pas pourquoi. Les gens qui ont lu le livre peuvent probablement deviner à qui ils parlent, mais sinon, ce n’est pas clair. Ailleurs, une scène charnière de l’enfance d’Henry est revisitée beaucoup trop de fois, au point que les flashbacks constants deviennent sombrement comiques. L’émission fait également un faux pas flagrant dans sa gestion d’une intrigue impliquant une agression sexuelle. C’est sérieusement, terriblement mauvais, sans parler de complètement inutile.

Des choix comme ceux-ci s’additionnent jusqu’à ce que la femme du voyageur temporel perde le peu de charme qu’elle avait au départ. Leslie et James font de leur mieux pour maintenir la série à flot, mais elle tombe en morceaux autour d’eux, lentement mais sûrement.

La femme du voyageur temporel sera diffusée le 15 mai à 21 h HE sur HBO, avec un nouvel épisode hebdomadaire.