Dossier 4K / Ultra HD : où trouver du contenu et comment en profiter au mieux ?
On trouve de plus en plus régulièrement des TV 4K en promotion à des prix à peine plus élevés que leurs homologues Full HD. En effet, moins de 600€ pour une TV de plus de 1m20, c’est déjà tentant… Mais quand en plus celle-ci se révèle capable d’afficher quatre fois plus de détails qu’en Full HD, qu’elle inclut de quoi regarder des images en 3D et qu’elle peut se connecter à Internet pour fournir une foule de services lui valant son appellation de SmartTV difficile d’avoir tout autre réaction que de dégainer sa carte bancaire dans la foulée. Pourtant, nous allons voir que tout n’est pas si rose et qu’il y a des pièges à éviter.
Je vais me baser sur ma propre expérience après avoir fait l’acquisition d’un Thomson 49UZ8766 pour ce dossier. Aussitôt déballée, j’ai tout de suite voulu en profiter pour voir concrètement la différence avec ma précédente TV. Et c’est à partir de ce moment que je me suis rendu compte que regarder du contenu en 4K n’allait pas être si simple…
Trouver des médias en 4K
Premier problème auquel il faut se préparer : celui de trouver quelques contenus au format 4K, et plus particulièrement de la vidéo. Faisons donc un petit constat du marché actuel.
On pense de suite aux Blu-Ray, le support de choix depuis quelques années pour vendre des films en HD. Mais non, il ne faut pas se laisser avoir.
Non, ceci n’est pas un Blu-Ray 4K. Le marquage « Mastered in 4K » est trompeur : en réalité, on peut lire en bas qu’il s’agit d’une copie « créé à partir d’une source en 4K« . Mais il s’agit toujours d’un film en 1080p lisible sur n’importe quel lecteur Blu-Ray vendu depuis 2006. Ce n’est donc pas ce que je recherche. Pour info, Sony a annoncé au début 2014 que la norme du véritable Blu-Ray 4K ne serait finalisée qu’à la fin de l’année. Les disques contenant effectivement des films en 4K arriveront donc au mieux courant 2015.
Peut-on espérer trouver quelque chose du côté de la TNT ? Pas vraiment. D’une part, toutes les chaînes ne sont même pas encore passées en « HD standard », beaucoup sont encore en 480i. On peut uniquement trouver quelques expérimentations en 4K : lors de Roland Garros par exemple, France Télévisions a diffusé les 1/4 finale en Ultra HD via la TNT émise sur Paris. Il y a également plusieurs canaux de test/démonstration en 4K diffusés par satellite.
Il reste donc le dématérialisé et le streaming via Internet. On passera rapidement sur YouTube, qui permet depuis quelques mois de lire des vidéos en 4K, mais qui compresse beaucoup le flux ce qui donne un rendu assez médiocre à peine meilleure qu’en 1080p. On trouve tout de même quelques démos en 4K native sur Internet, ou des petites productions comme ce court-métrage de 12min. Malheureusement l’offre commerciale est quant à elle très pauvre, même inexistante en France pour le moment. Aux États-Unis, seul Netflix a commencé à proposer des séries en 4K (House of Cards de sa propre production et Breaking Bad dans quelques semaines).
Mais les contraintes sont assez importantes : il faut une connexion rapide (la fibre optique se révèle alors nécessaire et optimale), et il faut un boitier capable d’afficher du 4K pour ce service (parfois même si c’est déjà intégré dans la SmartTV, celle-ci se limitant au 1080p). Sony propose aussi là-bas un boitier multimédia 4K dédié, sur lequel il propose également à la vente ou à la location des films en Ultra HD. Le problème qui se pose est alors de taille : un seul film peut dépasser les 100Go à 150Go. Une déclinaison arrivera cet été en Europe, mais sans disque dur. Sony imagine peut-être que nous avons de meilleures connexions qui nous permettront de streamer ces films là…
Par ailleurs, peu importe le moyen de transmission, il faut noter que le contenu 4K commence à être, et sera toujours dans le futur, encodé en H.265 ou HEVC. Cela peut sembler un détail, mais c’est pourtant un casse-tête quand il s’agit de trouver un appareil capable de décoder ce format, censé rendre les fichiers vidéo moins lourds (on y reviendra dans la deuxième partie). Dans le cas de la TV que j’ai acheté cette année, elle ne possède pas ce décodeur HEVC… et ne l’aura jamais puisque cela nécessite une mise à niveau matérielle. Je ne trouverai donc pas ce que je cherche de cette façon non plus. Accessoirement, merci Thomson de t’être préparé pour l’avenir.
Quel appareil utiliser pour afficher du 4K ?
Une fois en possession d’une clé USB remplie de démos en 4K, vient alors un deuxième problème auquel je m’attendais déjà beaucoup moins : ce n’est pas tous les jours qu’on a à afficher une résolution 4K sur un quelconque moniteur (et je ne pensais pas avoir à le faire de si tôt…), il est donc rare qu’on se pose la question de lire une vidéo d’une qualité supérieure au 1080p via n’importe quelle plateforme.
Premiers tests avec un ordinateur portable : ce n’est pas un succès. Les vidéos saccadent ou présentent beaucoup d’artefacts. Le HEVC n’est pas décodé matériellement, donc le processeur souffre beaucoup. Ce codec permet de diviser par deux la taille du fichier vidéo, mais demande également plus de ressources en performances. Qu’en est-il pour simplement afficher le bureau et quelques pages Web sur l’écran 4K ? Impossible aussi. La sortie HDMI de mon PC portable ne peut proposer de résolution supérieure au 1920×1080 (et même s’il le pouvait, dans la plupart des cas le HDMI 1.4 bride cela à 30Hz, ce qui est inutilisable pour le bureau).
Si mon ordinateur en est incapable, j’ai bien peur que ce ne soit pas mieux avec le reste de mes appareils. Smartphone, tablette ? Non, leur sortie MHL (USB vers HDMI) permet la recopie vidéo en 1080p uniquement. Ma PS3 ou PS4 peut-être ? Non plus, la plus ancienne peut seulement afficher des photos en 4K via un protocole propriétaire aux TV Sony, et la next gen ne dispose même pas de lecteur multimédia pour le moment. Et pourquoi pas depuis ma box TV ? Toujours pas, que ce soit chez Orange, Bouygues, Free ou SFR, aucune box n’est pour le moment capable d’afficher du 4K. Toutefois, on en parle déjà pour la prochaine Freebox qui devrait être annoncée dans les prochains mois…
Finalement, aucun appareil dont je suis déjà équipé n’est capable de restituer une image en Ultra HD. Ça veut donc dire qu’il va falloir passer à la caisse. Rien d’étonnant me direz-vous pour une technologie aussi récente et toujours en cours de standardisation. En cherchant des lecteurs multimédia 4K, je me suis rendu qu’on trouve principalement des lecteurs Blu-Ray qui opèrent un upscaling pour la TV Ultra HD. Malgré tout, ils ne sont pas compatibles avec les futurs Blu-Ray 4K, et ne peuvent pas lire de contenu 4K natif. Les véritables boitiers multimédia capables de lire tout type de contenu 4K se comptent sur les doigts d’une main…
La 4K tiré par Sony, les autres fabricants en retrait
En Europe, Sony a annoncé la disponibilité en août du FMP-X5, un boitier multimédia 4K au design inspiré de la PS4. Ils sont donc les premiers à avoir annoncé un tel objet pour les territoires du vieux continent. Contrairement au FMP-X10 sortie au États-Unis l’année dernière, celui-ci est dépourvu de tout stockage interne. Il ne sera donc pas compatible avec le service de téléchargement de films Video Unlimited 4K (service qui n’a de toute façon pas quitté l’Amérique du Nord). Toutefois, il permettra de lire les vidéos 4K au format H265 depuis le port USB, et intégrera également Netflix et YouTube 4K. En théorie, ce boitier a été conçu pour fonctionner avec les téléviseurs Sony Bravia Ultra HD sortis trop tôt pour être équipés d’un décodeur HEVC. Mais sa sortie HDMI 2.0 standard devrait lui permettre d’être connecté à n’importe quelle TV Ultra HD d’autres marques, pourvu qu’elles disposent aussi d’une prise HDMI 2.0. Il faudra compter environ 300€ pour l’acquérir.
On notera également la sortie récente du Panasonic DMP-BDT700, un lecteur Blu-Ray doté de véritables fonctions multimédia (y compris la lecture des formats 4K, sans doute le premier) et d’un traitement de l’image pour l’upscale en 4K particulièrement performant. Il s’agit bien entendu d’un modèle haut de gamme : comptez au moins 539€ pour vous en équiper.
Un mini-PC comme boitier multimédia ?
Choisir un mini-PC pour lire ses médias 4K peut être une bonne idée. Même si un ordinateur trop ancien ne peut pas afficher de résolution supérieure à 1920×1080, ce n’est pas le cas quand on prend les puces graphiques sorties depuis 2013. Intel a par exemple récemment mis à jour ses drivers pour permettre le décodage matériel du HEVC avec les processeurs les plus récents. Ça tombe bien, puisque c’est généralement la solution qui équipe les mini-PC ! Des machines comme le NUC d’Intel ou la Zotac ZBox Sphere (dans leurs déclinaisons avec Core i5) peuvent donc pour environ 400€ servir de boitier multimédia 4K, tout en permettant d’installer n’importe quel programme habituel d’un PC classique.
Pendant ce temps, sur le marché chinois…
Pour équiper une TV 4K d’entrée de gamme, on peut aussi être tenté de se tourner vers un boitier multimédia fabriqué par ces firmes chinoises toujours présentes pour rendre low cost (et parfois un peu cheap) toutes les technologies les plus récentes. Pour les petits budgets, il existe donc des solutions. Le Tronsmart Vega S89-H par exemple, vendu pour environ 100€, est un boitier multimédia sous Android 4.4, capable de lire et d’afficher des médias en 4K sur une TV compatible. C’est l’option la plus économique, mais pas dépourvue de limites pour autant. La sortie HDMI est bridé à 30Hz (HDMI 1.4 oblige), et la durée de vie du produit pourrait ne pas excéder celle du souvenir de la facture… C’est tout de même suffisant pour regarder occasionnellement et sans être trop exigeant quelques vidéos Ultra HD, mais Android sur ce genre de boitier et les finitions rapides des produits chinois peuvent devenir assez gênants pour une utilisation régulière.
Restituer au mieux les images : le choix de l’écran
Trouver un semblant de contenu 4K, c’est fait. Trouver un appareil pour diffuser ces fichiers, c’est fait. Il ne reste donc plus qu’à tout brancher à un écran et croiser les doigts pour qu’aucun problème supplémentaire ne vienne perturber l’expérience déjà houleuse dans le domaine de l’Ultra HD.
Par chance, ce n’est en général pas le téléviseur ou le moniteur qui pose le plus de soucis. Si tout va bien sur l’arrivée HDMI, l’écran affichera le signal sans poser de question. Le détail qui est apporté par un nombre de pixels quadruplé n’est pas négligeable, l’avantage le plus important étant alors le recul nécessaire qui diminue encore pour apprécier ces images.
La question que se poseront ceux qui veulent s’équiper d’un écran Ultra HD, ce sera essentiellement la qualité de la dalle de celui-ci. L’entrée de gamme en 4K peut-elle rivaliser avec les autres téléviseurs déjà vendus depuis plusieurs mois ? L’idéal reste de comparer par soi-même, en magasin par exemple quand tous les téléviseurs sont côte-à-côte branché sur la même source (attention tout de même, il s’agit quasi uniquement de Blu-Ray en 1080p, ou même parfois de TNT médiocre). Ne vous laissez tout de même pas avoir par des vidéos très colorées trop aguichantes qui pourraient même faire passer une TV no-name sans aucun réglage pour une beauté de toutes circonstances. On trouve relativement peu de tests en ligne pour le moment, mais quand c’est possible il est recommandé de les consulter pour ne pas acheter à l’aveugle. On peut notamment trouver des problèmes de clouding (le rétroéclairage n’est pas uniforme sur toute la surface de l’écran, souvent dans le cas des TV « EdgeLED »), de mauvais traitements de l’image (l’amélioration de mouvements qui crée des artefacts, un upscaling qui détériore plus qu’il ne sublime les détails…) ou l’absence de certaines fonctions (services SmartTV indisponible, connectique incomplète ou dépassée, enregistrements PVR impossible…).
Bilan du 4K/Ultra HD : on peut dire qu’il est urgent d’attendre. Comme vous avez pu le constater, le contenu est quasiment absent pour le moment, le choix du matériel dédié à la lecture de ces contenus est encore plus anecdotique et les écrans 4K qui tombent sous la barre des 1000€ peuvent cacher de nombreux défauts rédhibitoires. Pour le moment, l’Ultra HD reste donc un terme marketing qui aura de quoi être réellement vendeur quand tout un écosystème se sera créé autour de cette technologie. Le Full HD est quant à lui toujours en cours de déploiement (on le voit avec la télévision ou les dernières consoles de jeu), signe que l’évolution progresse lentement même après l’adoption de standards. Il sera donc sans doute intéressant de refaire le point sur l’Ultra HD d’ici 3 à 5 ans…
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