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Films et séries

Sony a un plan malavisé pour transformer les échecs au box-office en succès en streaming

Nicolas Gaillard

Date de publication :

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Sony a un plan malavisé pour transformer les échecs au box-office en succès en streaming




Que cela nous plaise ou non, le streaming est l’avenir d’Hollywood. Dans le même temps, le box-office reste un moyen extrêmement important pour les studios de générer de l’argent. Pas seulement directement grâce à la vente de billets, mais parce que les films qui sortent en salles ont tendance à mieux réussir en streaming. Désormais, Sony Pictures espère générer plus d’argent avec ses films via le streaming. Le piège ? Ils espèrent tirer davantage de valeur des échecs au box-office plutôt que de leurs succès.

Selon Bloomberg, Sony étudie si les frais facturés aux streamers comme Netflix devraient être basés en partie sur les performances d’un film donné en streaming. Actuellement, Netflix a un accord de sortie avec Sony qui prévoit que les films du studio seront diffusés sur le service de streaming une fois leur diffusion en salles et en VOD terminée. Netflix paie des frais pour chaque film en fonction de son box-office national. Cependant, selon Sony, la vente de billets n’est pas toujours le meilleur indicateur du succès du streaming. C’est là que les choses deviennent intéressantes.

Comme l’explique le rapport, Sony a envisagé de demander aux partenaires de streaming de partager le nombre d’utilisateurs qui commencent ou terminent un film. En effet, des échecs au box-office comme « Madame Web » ont connu un grand succès une fois diffusés sur Netflix. Il s’agissait du film Sony le plus diffusé en 2024 sur la plateforme, éclipsant des succès comme « It Ends With Us » et « Anyone But You ». C’est loin d’être la première fois qu’un échec en salles devient un succès en streaming, et c’est quelque chose sur lequel Sony espère capitaliser.

Le fait est que ce plan semble erroné sur plusieurs fronts. Le rapport note que Netflix souhaiterait renouveler son accord avec Sony. Sony et Paramount achètent actuellement les droits de leurs films après leurs sorties en salles.

Sony veut plus d’argent pour ses échecs : les streamers le feront-ils ?

Sony est dans la position unique de ne pas disposer de son propre service de streaming. Ils possèdent la chaîne de cinéma Alamo Drafthouse, mais le studio a choisi de ne pas se lancer dans la guerre du streaming. Paramount souhaite que les films soient d’abord transférés sur Paramount+, puis sur Netflix, puis de nouveau sur Paramount+. Tout cela fait partie de la nouvelle économie du streaming, chaque studio essayant de trouver des moyens d’augmenter les revenus de son catalogue.

Dans le cas de Sony, ils tentent de faire valoir que leurs échecs au box-office sont sous-évalués. Le rapport note que « de nombreux pairs de Sony – et même certaines personnes chez Sony qui étudient cette idée – sont sceptiques. » Les chiffres du box-office restent la mesure la plus simple et sans doute la meilleure pour déterminer ces frais. Imaginez une seconde si Netflix essayait de faire valoir qu’un succès comme « 28 ans plus tard » valait moins parce que trop de gens l’avaient déjà vu ? Sony ne le ferait jamais.

Universal, par exemple, a un nouvel accord avec Netflix qui verra ses films aller à Peacock avant d’aller à Netflix, puis de nouveau à Peacock. Warner Bros. a mis en place un plan similaire pour ses films avec Netflix et Amazon. Netflix, Amazon, Hulu et HBO Max seraient tous intéressés à conclure un accord pour les futurs films de Sony, mais il est difficile de les imaginer accepter de créer un précédent qui augmenterait la valeur des échecs en salles tout en maintenant la valeur déjà plus élevée des succès au box-office.

Dans l’état actuel des choses, l’accord Netflix de Sony génère des centaines de millions de dollars par an. Tout accord avec un rival du streaming serait tout aussi enrichissant. Naturellement, Sony souhaite extraire autant de jus que possible. Ce plan, cependant, semble voué à l’échec.

Le nouveau plan de Sony illustre l’un des plus gros problèmes d’Hollywood moderne

Sony a plus besoin de Netflix que Netflix n’a besoin de Sony. Ils doivent s’associer à un service de streaming, même s’ils quittent Netflix. Tenter de tirer plus d’argent des échecs au box-office semble un peu désespéré. C’est aussi le signe d’un problème croissant qu’Hollywood dans son ensemble tente désespérément de résoudre.

La VOD peut aider et les ventes de DVD ne se sont peut-être pas totalement taries, mais elles ne représentent qu’une fraction de ce qu’elles étaient. Les revenus post-théâtraux sont plus difficiles à obtenir et les échecs font plus mal que jamais. Le box-office est extrêmement incertain. Netflix aimerait-il diffuser « Karate Kid : Legends » après les cinémas ? Absolument. Sont-ils prêts à payer un prix plus élevé même si le projet a échoué ? Peu probable.

La mentalité « attendre pour diffuser » fait partie de ce qui contribue à de nombreux échecs au box-office, mais c’est une tout autre conversation. Le point clé est qu’il est difficile pour Sony de justifier cette demande, qui revient à chercher plus d’argent dans les coussins du canapé. Ce qui est compréhensible, c’est que Sony essaie de consolider son avenir alors que le box-office continue de paraître difficile, en particulier avec une éventuelle fusion Paramount/Warner Bros.

Sony entretient une relation importante avec Netflix. Ils ont vendu « KPop Demon Hunters » au streamer, et cela a très bien fonctionné pour Netflix, mais pas si bien pour Sony. C’est le donnant-donnant qui fonctionne parfois mieux pour un côté que pour l’autre. Les deux parties ont des besoins et veulent faire affaire l’une avec l’autre. L’ère de l’exclusivité est révolue et pour les studios, il s’agit avant tout de maximiser les revenus. Cela semble être une mauvaise façon de procéder.



Nicolas est journaliste depuis 2014, mais avant tout passionné des jeux vidéo depuis sa naissance, et des nouvelles technologies depuis son adolescence.